mardi 3 juillet 2007

NICOLE POIRIER PROPOSE UN AUTRE REGARD SUR LA MALADIE D'ALZHEIMER


La maladie d’Alzheimer devient une préoccupation majeure de notre société. Elle a été déclarée grande cause nationale pour 2007. Cette terrible maladie qui affecte un million de personnes en France ne cesse de progresser, contraignant les pouvoirs publics à réagir par la prise en charge des malades en développant des structures adaptées et en favorisant la recherche médicale.
Ce lundi 2 juillet, l’espace Bauquier des Mages recevait un auditoire très nombreux de médecins, d’associations, de professionnels de santé et de maisons spécialisées.  Beaucoup avaient répondu présent à l’invitation du maire des Mages, Jean-Claude Paris et de madame Claude Vivien qui en était l’initiatrice. L’invitée était la Québécoise Nicole Poirier, fondatrice de « Carpé Diem » et directrice d’un établissement spécialisé à Trois Rivières au Québec.
Un film diffusé il y a quelques temps sur FR3 : « Alzheimer, jusqu’au bout la vie » fut projeté en préambule. Ce documentaire montre la vie au quotidien dans deux maisons de retraite : celle de Nicole Poirier à Trois Rivières, au Canada, l’autre en France, à Longuenesse dans le Pas-de-Calais
La maladie d’Alzheimer affecte progressivement les facultés mentales, installe insidieusement le malade dans une forme inattendue de démence qui désempare les familles…L’entourage impuissant, voit la personne qu’il aime disparaître mentalement et intellectuellement, perdre son statut social jusqu’à ignorer le sens de sa propre existence pour ne vivre que le présent, de façon très élémentaire.
L’objectif de la soirée n’était pas de faire un exposé sur la maladie d’Alzheimer. Le propos était de savoir comment appréhender la problématique de la personne pour éviter qu’elle disparaisse derrière son handicap, jusqu’à devenir, pour certains d’entre nous, un sous-individu dont on ne sait plus que faire.
Actuellement la qualité de vie dans les maisons de retraite est très préoccupante et les conditions de vie y sont parfois difficilement acceptables. Il ne s’agit pas d’une mise en cause des structures et des personnels qui font de leur mieux. Mais cela peut-il durer ? Ne faut-il pas changer de philosophie, changer de comportement, changer de mentalité, à tous les niveaux, y compris bureaucratique ?
Nicole Poirier est incontestablement une sommité d’un charisme extraordinaire ! Elle propose un autre regard sur Alzheimer, parce qu’elle refuse le sort qui est réservé à ces malades. Elle a beaucoup étudié la question, elle a élaboré une doctrine, qu’elle a mise en pratique dans l’établissement qu’elle a créé en partant du principe que «L’individu ne doit pas disparaître derrière son handicap, qu’il reste une personne à part entière. Il ne sert à rien de se lamenter sur ce qui est perdu, mais cherchons à stimuler ce qui reste ».
Et la chose ne fut pas facile pour elle et son association « Carpé diem ». Réglementation rigide, blocages administratifs et sécuritaires, faire adhérer les personnels à un autre savoir faire furent quelques obstacles auxquels elle a dû faire face dans son pays... On retrouve les mêmes en France.A voir le film, elle a réussi son pari… pour les malades...pour leur famille…Un débat très riche suivit qui révéla le frein des lourdeurs administratives : Quel coût, quel ratio ? Comment contourner le problème d’autorisations, sortir des règles rigides, quelle relation avec la famille ?
Nicole Poirier donne chaque fois la solution, évidente, pleine de bon sens .Prendre son temps, établir des relations de confiance avec la famille .Intégration progressive du malade au domicile et l’emmener graduellement vers la maison de retraite , en douceur sans internement brutal, en prenant soin d’avoir la même attitude constante, en ne refoulant pas l’agressivité naturelle, mais en l’exploitant comme une forme d’énergie .Prendre des risques aussi ,en autorisant une certaine autonomie ,une liberté . Rester humain tout simplement : « Mieux vaut courir le risque d’un malade qui s’égare, ou qui se fait mal en participant aux tâches ménagères que de l’interner, de l’attacher physiquement ou chimiquement. ». Evident !
Nicole Poirier se dépense sans compter, participe à de nombreuses conférences à travers le monde, Elle fait de l’information, de la formation aussi : par conviction !...Parce qu’elle croit en sa philosophie, parce que ça marche, parce qu’il faut avoir vu le film pour comprendre qu’elle a raison, parce qu’il faut absolument que les pouvoirs publics, les établissements et les personnels, jusque là démunis changent de stratégie et de comportement. Quand on a vu le film, quand on l’a rencontrée ,on ne peut plus faire comme avant ! …
« Il y a un avant et il y a un après Nicole Poirier… », disait une directrice d’établissement…
Quel meilleur compliment pouvait-on trouver pour cette femme qui subjugue son auditoire, avec gentillesse, avec simplicité.
Souhaitons donc qu’elle soit entendue, que beaucoup prennent le relais. C’est incontournable, sauf à éprouver un sentiment de honte à continuer dans l’erreur…


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